dimanche 29 août 2010

OUTRAGE


Maelle Bellec, HUG Genève, août 2010 / photo crédits Rudy Décelière

Ecouter les litanies dans les églises catholiques.
Ecouter les exhortations et les invectives du public au cours d'un match de football.
Faire tourner une roue de vélo en roulement libre et suivre le bruit des rayons depuis leur point d'attache et observer le ralentissement du mouvement depuis le moyeu de la roue.
Ecouter le démarrage et l'arrêt du moteur d'une bétonneuse.
Ecouter les interventions de l'auditoire au cours d'un débat.
Ecouter Tell me par les Rolling Stones. Ecouter le va-et-vient des trains dans une gare.
Ecouter le "Hit-parade" de Radio-Luxembourg.
Ecouter les traducteurs simultanés des Nations-Unies.
Ecouter le dialogue du chef de gang (Lee J. Cobb) avec la "belle" , dans le film La Chute de Tulla, dialogue au cours duquel la "belle" demande au chef de gang combien d'hommes il compte faire descendre et le chef de gang répond en se penchant en arrière: "Combien en reste-t-il donc encore ?". Observer le chef de gang à ce moment-la.
Regarder les films des Beatles.
Dans le premier film des Beatles, observer le visage de Ringo Starr qui sourit, à l'instant où, après avoir été taquiné par les autres, il s'assied à la batterie et se met à battre du tambour.
Regarder le visage de Gary Cooper dans le film L'Homme de l'Ouest.
Dans le même film, regarder la mort du muet qui, une balle dans le corps, traverse toute la ville déserte, en titubant et en bondissant, et qui lance un cri déchirant.
Regarder, au zoo, les singes qui imitent les hommes et les lamas qui crachent.
Observer le comportement des oisifs et des bons-à-rien qui flânent dans les rues et qui jouent aux machines à sous.
Peter Handke, Outrage au public


samedi 28 août 2010


DAS WORT ZUM SONNTAG

« Rien ne sert de mourir, il faut savoir disparaître. »

(Jean Baudrillard, Cool Memories, 1980-1985)

peter handke, PAR LES VILLAGES

joue le jeu. menace le travail encore plus. ne sois pas le personnage principal. cherche la confrontation, mais n'aie pas d'intention. évite les arrières-pensées. ne fais rien. sois doux et fort. sois malin, interviens et méprise la victoire. n'observe pas, n'examine pas, mais reste prêt pour les signes, vigilant. sois ébranlable. montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond, prends soin de l'espace et considère chacun dans son image. ne décide qu'enthousiasmé. échoue avec tranquillité. surtout aie du temps et fais des détours. laisse-toi distraire. mets-toi pour ainsi dire en congé. ne néglige la voix d'aucun arbre, d'aucune eau. entre où tu as envie et accorde-toi le soleil. oublie ta famille, donne des forces aux inconnus, fous-toi du drame du destin, dédaigne le malheur, apaise les conflits de ton rire. mets-toi dans tes couleurs, sois dans ton droit, et que le bruit des feuilles devienne doux. passe par les villages, je te suis.


jeudi 26 août 2010

AUFBRUCH BEI MORGENGRAUEN

Für Toinette

Ich vertraue, ich baue, auf deinen

Betrug Betrüg mich encore et encore

Verabscheust du mich, so sei mir ewig treu

Liebst du mich, so zerreisse jeden Vertrag

Giftiger noch als die Tinte ist jede

Unterschrift Sei meine Komplizin im

Grossen Gegenbetrug In jedem Betrug

Schlummert ein anderer Lebensentwurf

In jeder Ordnung der Tod In dem wir

Uns betrügen, könnte etwas aus uns

Werden

mercredi 25 août 2010


DER STOISCHE AUFTRAGSMÖRDER

Ich möchte ehrlich sein mit dir/Oder, um ehrlicher zu sein/Ich möchte versuchen, ehrlich zu sein mit dir/Keiner weiß, wer hier spricht/Wer ist ich?/Über sich/Wollen viele nichts wissen/FOR GOOD REASONS/Für sich sprechen, wo es kein für sich gibt/Sehnsucht nach Einheit in einer Welt der Differenz/Keine Identität, nur Identifikation/Wenn das Unbewusste wirklich wie eine Sprache strukturiert ist, dann ist Sprache die einzige Fähre zu den versteckten Arealen/Und der Satz „Hab keine Angst“ der mutigste aller Sätze/Geflüstert

Vidé première poubelle de la Zone d'écriture

un sac à ordure noir
d'une salle éblouissante
sort tout doucement au bras
d'une fille en robe blanche

d'une fille éblouissante
un sac en robe de bras
sort noir d'ordures
et fuit
doucement la salle blanche

d'un sac sort doucement
une fille en robe d'ordures
au bras éblouissant

D'ordures et salles de bras
sort sac une fille blanche
et fuit tout doucement
la robe éblouissante

mardi 24 août 2010

lundi 23 août 2010

stepping into the "zone d'écriture"

i entered the room
i saw nobody
- three white cubes : to write, think and sleep -
but i heard them " scratching "
i heard their breaths
i felt their presence

then they appeared
both together
at the same time

antoinette came from the right
karelle from the left
as if in a hold-up i was surrounded
instantly
by two women
scratching
breathing
writing
talking out loud in their heads

words words words

after a brief silence
there was a laughter
a liberation of the unknown concentration

what is this zone ? where surprise, liberation and joy can spill ?
secure but confined, limitated and exceptional?
read agamben : homo sacer...

highly disturbed and distracted

la question n'est pas de savoir comment vivre
la question fondamentale est de savoir comment penser

dimanche 22 août 2010


brûler / couler
une forme de happy end








gravité / perte / chute libre / mort / envie d'aimer / poids du monde / légèreté / sol / mot / ciel / souffle / pas / vitesse / contraction / lumière / fracture / décorum
je veux brûler


samedi 21 août 2010


IN MEMORIAM C.S.

Christoph hieß er/Und Schlingensief
Spielverderber/Troublemaker/Wilder Mann
Kämpfte oft mit Geistern/Die er rief
Kämpfte mit sich/Ertrug den Bann
Hielt nie die Schnauze/Nie das Maul
Ging weiter und weiter/Und überschritt
Wußte/Wo bohren
Wußte/Wo graben
Weg ist er nun/Verloren
Ein Jammer/So einen nicht mehr zu haben

vendredi 20 août 2010

en provenance de la zone d'écriture

Qui, parmi les Mensch, ne recèle pas en lui, ne cultive pas sans fin la réponse – chaque jour améliorée – la réponse à l’énigme, la réponse à l’affront, la réponse à la bêtise, la réponse à l’amour auquel il n’a pas su répondre, au jour de sa honte ?

jeudi 19 août 2010

mardi 17 août 2010

CELLULE

Très doucement elle se déplace à l’autre bout de sa personne, sur la pointe des pieds pour ne réveiller aucun des dormeurs.

Traversé.

Le bouleau qu’elle y trouve, très doucement elle en détache un morceau. C’est ce morceau d'écorce qu’elle s’efforce d’observer.

LE POIDS DU MONDE / Peter Handke

- Qu'est ce que tu fais maintenant ? - je regarde devant moi et me laisse flotter dans l'Univers.

- Une image : les enveloppes vides de larves humaines glissent comme des mégots de cigarettes à travers les rues de la terre

- Nuit profonde : je suis là, tous les gens rencontrés au cours de ma vie me semblent présents ; s'il survenait quelqu'un, maintenant, je serais prêt, disponible tout à lui et pourtant, en même temps, je resterais tout à moi

- Jadis la question était : "Comment dois-je vivre ?" Aujourd'hui, la question c'est : "Comment dois-je penser?".

- La première angoisse de la journée

Écrit après La Perte de l'image, Souterrainblues s'entend comme l'écho d'un coup de pied jubilatoire dans une porte de saloon. Il s'agirait de jeter dehors tout ce qui envahit d'images aveuglantes l'intériorité des individus.

Face à l'excès d'images extérieures déversées par le médiatique, l'être humain a perdu les images intimes qui le faisaient vibrer. Pour Handke, elles sont "le sens des sens", celui dont la perte ressemble à une condamnation à mort, celui qu'il faut reconquérir. Lorsqu'il en est dépouillé, l'être humain devient une coquille vide que l'on remplit, pour son malheur et sans qu'il résiste, d'images factices, préformatées. "La perte des images est la plus douloureuse des pertes — Elle est synonyme de perte du monde. Elle signifie : il n'y a plus d'unité, de configuration".

d'après Eryck de Rubercy

Les "Éblouissements" de Peter Handke

samedi 14 août 2010

souterrainblues - holzweg peter handke

Holzwege

les chemins de l'artiste sont longs et troublants
infiniminusculement long
l'artiste n'arrivera jamais au bout
- il ne voudra pas, de toute manière -
il marche et marche
trébuche et tombe
se lève et continue

les chemins de l'artiste, le plus souvent encombrés de brousailles, s'arrêtent soudain dans le nonfrayé.
- sa révolte, extérieur et intérieur - il ne la connaîtra jamais, mais il sait l'exprimer

ces chemins
Heidegger les appelle Holzwege

Chacun suit son propre chemin, mais dans la même forêt. Souvent, il semble que l’un ressemble à l’autre. Mais ce n’est qu’une apparence.

Bûcherons et forestiers s’y connaissent en chemins. Ils savent ce que veut dire : être sur un Holzweg, sur un chemin qui ne mène nulle part.


jeudi 12 août 2010


TA PANTA REI/HANDKE, HéRACLITE ET LE SERVICE DE RéANIMATION

LE MARCHAND : Et toi, mon cher, pourquoi pleures-tu, car je préfère causer avec toi ?

HéRACLITE : Je regarde toutes les choses humaines, ô étranger, comme tristes et lamentables, et rien n’y soit soumis au destin : voilà pourquoi je les prends en pitié, pourquoi je pleure. Le présent me semble bien peu de chose, l’avenir désolant : je vois l’embrasement et la ruine de l’univers : je gémis sur l’instabilité des choses ; tout y flotte comme dans un breuvage en mixture ; amalgame de plaisir et de peine, de science et d’ignorance, de grandeur et de petitesse : le haut et le bas s’y confrondent et alternent dans le jeu du siècle.

(Lucien de Samosate, Les Sectes à l’encan)

J’ai aménagé ma maison dans les apparences. Gilles, le dervishe tourneur

avec les paumes dans les poches de pantalon. Maëlle, la vengeresse

absente. Maya en Briefing et Rebriefing avec Platon à la cave valaisanne.

WE GONNA LOOSE OUR MARBLES BEFORE A WORD IS

SPOKEN. Un vent léger d’ouest. Le hygromètre prometteur. Ca sent la

mer, British Petroleum et le logos. Je me balade dans le Texte de Handke

comme DiCaprio dans les rêves des autres. Des projections ?

Oui, des projections. Hostilité ? Trop tôt pour le dire. Qu’est qui fait

un espace sensible : c’est les bornes. Et les bornes, c’est un acte

arbitraire. Ce n’est pas pour rien qu’il n’y a pas un métro à Genève.

STRANGER, WHEN YOU COME IN THIS TOWN, DON’T YA

DIG.

nous sommes une matière sans qualité

répétition d'aujourd'hui : le sens est toujours derrière, dans les profondeurs, les catacombes

pourquoi à chaque fois qu'on parle de l'humain, on sourit ?
pourquoi à chaque fois qu'on pense à l'humain, on rougit et on ment?
pourquoi à chaque fois qu'on regarde en face l'humain, on le tue?
pourquoi on ne pense plus vraiment à l'humain ?

pour oublier



aux dramaturges contemporains, à timo

à gilles / The Doors - The end

ce serait la chanson, une des chansons de l'homme fauve dans soutterainblues
et ce serait toujours la mienne, aussi

mercredi 11 août 2010

to souterrainblues


LE CHANT DE L’ENFANCE de Peter Handke

Lorsque l'enfant était enfant, il marchait les bras ballants...

Il voulait que le ruisseau soit une rivière un fleuve et

que cette flaque d'eau soit la mer...

Lorsque l'enfant était enfant, il ne savait pas qu'il était enfant.

Pour lui tout avait une âme,

Et toutes les âmes n'en faisaient qu'une.

Lorsque l'enfant était enfant, il n'avait d'opinion sur rien, il n'avait pas d'habitudes...

Souvent il s'asseyait en tailleur, partait en courant...

Il avait une mèche rebelle

Et ne faisait pas de mines quand on le photographiait...

Lorsque l'enfant était enfant

Vint le temps des questions comme celle ci:

Pourquoi est-ce que je suis moi?

Et pourquoi est-ce que je ne suis pas toi?

Pourquoi est-ce que je suis ici?

Et pourquoi est-ce que je ne suis pas ailleurs?

Quand a commencé le temps?

Et où finit l'espace?

La vie sur le soleil n'est-elle rien d'autre qu'un rêve?

Ce que je vois, ce que j'entends

Ce que je sens

N'est-ce pas simplement l'apparence d'un monde devant le monde?

Est-ce que le mal existe véritablement?

Est-ce qu'il y a des gens qui sont vraiment mauvais?

Comment se fait-il que moi qui suis-moi,

Avant que je devienne, je n'étais pas

Et qu'un jour moi qui suis moi

Je ne serais plus ce moi que je suis..." »




this is the end / beautiful friend / this is the end / my only friend

à gilles

LOST IN MYSELF/ÜBER DAS RAUMKONZEPT.

Der Grundgedanke: hinabsteigen in den Untergrund, ein Unterschlupf in dem die Menschen ihr Bild, ihre Reflektion verlieren. Man kann hier an das Höhlengleichnis von Platon denken. Das Bühnenbild kreist um den Gedanken des eingeschlossen seins. Um einen Tunnel. Ort der Gefahr, der Kontamination, des Erstickens, der Enge, der Klaustrophobie, der Schizophrenie... Ein Ort, der Erinnerungen und Imagination provoziert. Ein Ort, fern von der Welt, hinter der Sonne, wo der Blick über die Perspektiven hinauswandert. Ein Ort, an dem wir uns zusammen aufhalten, jeder anders, jeder zur Arbeit gezwungen. Der Ort ist das erste Abenteuer, das die Pforten zur Hölle öffnet. An diesem Ort ist die Ansprache frontal. Die Schauspieler und Zuschauer bewegen sich im Raum, reisen durch den Raum, manchmal wie in einem Wagon. Sie schreiten vorwärts und sie halten an, folgen vielleicht denselben Linien, enden in denselben Ecken und Nischen. Sie umrunden die Welt, sie wiederholen sich, ein infernaler Kreislauf ohne Ausgang, wie bei Sysphos, durchleben immer wieder dasgleiche und endecken Spuren der zeitgenössischen Menschheit. Dieser Raum ist wie ein labyrinthischer Pfad: Er gestattet es herum zu schlendern, sich zu verlieren und sich zu finden. Er verändert unsere Empfindung der Raumzeit.

Der Raum soll ein subversiver, enigmatischer Ort werden. Ein Ort fern von der Welt, der im besonderen die Konzentration auf das Zuhören stimuliert. Die Kräfte, die uns innewohnen, sollen freigesetzt werden. Ein meditativer Ort, welcher dem Zuschauer erlaubt zu reisen, vielleicht wie in einem Traum, hinein in sein inneres und damit ins Innere der Welt. Es gilt einen Raum zu schaffen, wo der Mangel und die Zweifel sich äußern können, ein Raum wo die Toten wieder zum Leben erweckt werden und zu sprechen beginnen. Mit anderen Worten: Im untersten Unten. Von uns selbst und vom Theater.

Lost in myself /